Loriot laisse l’humour allemand en deuil

L’humoriste et dessinateur Loriot vient de décéder. Si ces sketchs sont légendaires en Allemagne, Vicco von Bülow reste méconnu en France.

L’humour, c’est connu, s’inscrit au plus profond d’une culture nationale. Surtout quand il s’agit de jouer avec la langue ou avec la vie quotidienne d’un peuple comme le faisait Vicco von Bülow, alias Loriot. Un nom d’artiste emprunté au nom français de l’animal qui ornait les armoiries de sa famille. A l’annonce de son décès à l’âge de 87 ans, le 22 août, c’est ainsi toute l’Allemagne qui était en deuil alors que la nouvelle est passée presqu’inaperçue en France. Toute la classe politique allemande a rendu hommage à celui qui avait incarné pendant des décennies l’humour allemand.

 « Observateur plein de finesse des choses de la vie et humoriste profond, Loriot était depuis longtemps devenu un classique", a ainsi expliqué la chancelière allemande Angela Merkel, ajoutant: « son œuvre fera rire encore longtemps les jeunes et les moins jeunes, tout en permettant de mieux cerner ce qu'est l'âme, l'essence des Allemands ». Le président Christian Wulff parle d’une « perte irremplaçable ». Le quotidien Tageszeitung se demande même : « De quoi les Allemands ont ri avant que Loriot n’arrive ? Absolument rien ».

Si sa carrière a commencé dans les années 50 en tant que caricaturiste pour plusieurs journaux, notamment Stern, Loriot s’est imposé rapidement comme un humoriste multi-talents : dessin, télévision et films. Loriot est resté dans les mémoires notamment pour ses très nombreux sketchs. Parmi les plus connus, celui d’une demande de mariage perturbé par la présence inopportune d’une pâte (« Hildegard - sagen Sie jetzt nichts »), le fameux œuf à la coque cuit pendant 4 minutes 30 (Frühstückei) ou encore les hommes dans la baignoire (Herren im Bad). Ses sketchs décrivaient avec humour et finesse la vie quotidienne des foyers allemands de l’après-guerre.




Avec sa partenaire, Evelyn Hamann, il est ainsi devenu une star du petit écran en Allemagne avant de conquérir le grand écran avec les films « Ödipussy » (1988) et « Pappa ante Portas » (1991), deux grands succès outre-Rhin. Loriot avait d’ailleurs remporté de nombreuses récompenses et notamment en 2009 un « Lola-Ehrenpreis » pour l’ensemble de sa carrière. Son étoile figure également déjà sur le Boulevard des Stars près de la Potsdamer Platz à Berlin. Pendant ses soixante ans de carrière, Vicco von Bülow a également publié plus d’une centaine d’ouvrages vendus, au total, à plusieurs millions d’exemplaires. Un classique des bibliothèques allemandes donc. Sa maison d’édition, Diogenes Verlag, a annoncé qu’un recueil d’interviews avec l’humoriste, nommé Bitte sagen Sie jetzt nichts allait sortir dans les prochaines semaines.

Sébastien Vannier

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