Ick bin ein Berliner


Chaque mois, un morceau de Berlin avec le magazine culturel BERLIN POCHE !

Hakan Savas Mican 
Auteur, metteur en scène et réalisateur


Interview et traduction de l’allemand | Anna Kuwalewski
Photos | Ute Langkafel

Qui n’a pas encore entendu parler du célèbre festival Almanci! - 50 Jahre Scheinehe qui a débuté en septembre au Ballhaus Naunynstrasse ? L’événement marque les 50 ans de l’Accord de recrutement de main-d’oeuvre entre l’Allemagne et la Turquie* avec un programme chargé ! Premières et reprises (comme le célèbre Verrücktes Blut), projections de films et lectures sont au menu. Un festival au nom évocateur : « Almanci » (sans point sur le i !) désigne les Allemands mais aussi les Turcs immigrés en terre teutonne, tandis que « Scheinehe » signifie « mariage blanc »... Rencontre avec l’un des enfants de ce mariage...





Anna Kuwalewski : Que se cache-t-il derrière un tel festival ?
Hakan Savas Mican : nous avons souhaité photographier une image de l’histoire et de l’héritage de la migration turque en Allemagne. Mais pour cela, un portrait du présent et du futur est nécessaire si l’on aspire à créer de nouveaux espaces pour des idées.

Parlons un peu de vos deux pièces reprises sur les planches en octobre...Die Schwäne vom Schlachthof explore des événements oubliés datant de l’époque du Mur à travers un vieille homme qui cherche des réponses à sa mort. La pièce aborde plusieurs histoires comme celle d’un travailleur agricole anatolien devenu homme d’affaires à Berlin ou encore d’un fils d’immigré ouest berlinois qui tombe amoureux d’une Ossi. Un vieil homme se heurte à des personnes aux facettes multiples, des idéologies… et des murs.

Schnee reprend aussi l’idée de la séparation…Oui, c’est une pièce tragique, un peu absurde et surtout une fantaisie futuriste, adaptée du roman d’Orhan Pamuk. La scène se passe dans une ville allemande fictive séparant en deux zones musulmans et non-musulmans. Dans cette cité bloquée par la neige, les femmes voilées se suicident et les islamistes se battent contre leurs opposants. La problématique, toujours d’une grande actualité, tourne autour de la politique et de la foi aveugle, capables de tuer la vie privée ainsi que l’amour.

Et le rôle de Berlin dans tout ça ?
Berlin est la ville la plus passionnante du 20e siècle. Tout se concentre dans cette ville qui contient à la fois fascisme, communisme, guerre et surtout migration. Berlin joue un grand rôle dans ma vie, ce qui est visible dans mes pièces. Le tragique et la mélancolie vont très bien avec mon esprit. Je suis né ici mais j’ai grandi en Turquie et j’y suis revenu pour les études. En étant Berliner depuis 13 ans, je serais un migrant malheureux si je n’avais pas une partie allemande en moi.




HAKAN EN BREF...
Votre film préféré ? Au hasard, Balthazar de Robert Bresson
Vos références en théâtre ? Toutes les pièces d’Anton Tchekhov !
Votre idole ? Bergman, parce qu’il a tourné les plus beaux bijoux du cinéma. Il n’y a rien de mieux que de tourner un film en été et de monter une pièce de théâtre en hiver.
Le plus beau mot en turc ? « Sevda » + « Ask » = « Amour », deux mots en un !
Ce qui n’a pas de goût ? La nourriture bio, bien trop saine pour ça !
Ce qui vous manque à Berlin ? Qu’il n’y ait pas de mer.
Un mot bizarre en allemand ? « Sehnsucht » Ça sonne comme un nom de maladie et c’est pourtant si beau.
Ce que vous détestez ? Ceux qui veulent être différents de ce qu’ils sont. Agis comme tu es ou sois comme tu agis !

FESTIVAL ALMANCI – 50 JAHRE SCHEINEHE
BALLHAUS NAUNYNSTRASSE (KREUZBERG, NAUNYNSTR. 27)
JUSQU'AU 31 OCT

SCHNEE
DU 25 AU 28 OCT | 20H | 14€

* L'accord fut signé le 31 octobre 1961 à Bad Godesberg



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