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L’économie de partage, l’exemple français

Enfants de la crise et du capitalisme sauvage, les français ont adopté presque immédiatement l’économie de partage, aussi bien pour renouer des liens sociaux que pour soulager des bourses pas toujours bien garnies.

Génération écolo, débrouille, sac à dos et fauchée, les Français ont eu envie, comme leurs petits camarades internationaux, de construire leurs propres canaux d’échanges, loin de l’économie traditionnelle. Si le Système d’échange social (des échanges de services au sein d’une communauté) peut être considéré comme l’ancêtre de ce nouveau phénomène qu’est l’économie de partage, internet a permis à ce mouvement de prendre une ampleur inespérée. Ainsi, en pianotant depuis sa grotte, un petit nordiste peut voyager, se nourrir, s’habiller, apprendre à jouer de la guitare, faire une virée chez Ikea ou à l’autre bout de l’Hexagone avec un petit budget et en allant à la rencontre de ses semblables. Une utopie digne d’un hippie qui a engendré des start-up milliardaires.


Se passer d’intermédiaires

Si la planète entière ne jure que par le site américain Airbnb, peu connaissent son pendant français Bedycasa.
Et pourtant…
Magali Boisseau Becerril, 30 ans, a lancé en 2007 un blog qui proposait de louer des chambres chez l’habitant à travers le monde. L’ancienne commerciale, persuadée de l’avenir de ce type de service, veut passer pro dans le domaine de l’hébergement chez l’habitant. Mais si les investisseurs trouvent l’idée « sympa », les banquiers ne veulent pas se mouiller. C’est en voyant le succès d’Airbnb qu’ils se décident finalement à soutenir l’ex globe trotteuse. Installée à Montpellier, la plateforme propose des chambres entre 15 et 90 euros et permet aux voyageurs et aux logeurs de communiquer via une messagerie spécialisée. Les logeurs ont entre 45 et 50 ans en moyenne et  les voyageurs entre 25 et 35 ans. De quoi susciter de jolies rencontres.

Côté alimentaire, l’économie de partage s’est également frayée un chemin, notamment avec le système des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP).
Autrefois vues comme un « club de bobos », les 16 000 AMAP françaises comptent aujourd’hui jusqu’à 270 000 consommateurs. Pendant une période donnée, des agriculteurs et producteurs fournissent un « panier » à un groupe de consommateurs. Des produits frais, de saison et sans intermédiaires. Evidemment on ne devient pas membre d’une AMAP par hasard, les membres ont souvent une notion bien à eux de l’économie, comme Alain Bourgeois, apiculteur et boulanger dans la Somme : « Je fais du pain deux fois par semaine. Un panneau devant la maison indique qu’il y a du pain. Les gens viennent se servir et laissent 4 euros dans la corbeille. Ils peuvent aussi payer plus tard ». L’apiculteur accueille également tous les étés des voyageurs qui lui prêtent main forte contre le gîte et le couvert (Couchsurfing).

Partager et arrondir ses fins de mois

Outre la location de chambre chez l’habitant et l’échange de vêtements, la location de voiture entre particuliers arrive dans le top 3 de l’économie de partage à la française. Parce qu’une voiture ça coûte cher, des propriétaires malins ont pensé à une solution très simple : louer leur carrosse à petit prix à d’autres particuliers en détresse ! Des sites comme Drivy, Bablacar ou OuiCar proposent donc un échange de bons procédés à moindre coût. Le propriétaire de la voiture annonce le tarif pratiqué, le calendrier de location et les éventuelles conditions. Le locataire prend contact et fournit une copie de son permis de conduire. Une fois l’accord scellé, l’échange peut avoir lieu.

« J’ai loué 8 fois ma voiture. Sur 50 euros de location, je touche 75%, les 25% restant sont reversés au site pour les frais de dossier et d’assurance. Pour des petits kilométrages, je vais gagner autour de 20 euros, mais pour un weekend ça peut vite monter à 50,70 euros » explique Samuel, utilisateur de Drivy. Un bon plan pour rentabiliser sa voiture et arrondir ses fins de mois.
Du côté des locataires, les retours sont également positifs : « Les loueurs sont en général sympas, certains veulent avoir un contact téléphonique au préalable pour établir un lien de confiance, d’autre proposent de vous amener la voiture où vous voulez, on discute, ils peuvent donner des conseils de conduite puisque c’est leur voiture ! » assure Delphine, utilisatrice inscrite sur « une voiture à louer ».
Evidemment le syndicat des loueurs professionnels hurlent à la concurrence déloyale et un projet de loi prévoit de fiscaliser cette rentrée d’argent. Propriétaires de voitures, profitez-en tant qu’il en est encore temps !

Auteur : Diane La Phung
Redaction : Romy Strassenburg


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